A quoi sert le sommeil ?
Le sommeil, régénération du corps et du cerveau, est au service de la Vie. Ses premières manifestations physiques s’expriment par le bâillement ainsi que les paupières qui se ferment inexorablement. Ses autres expressions sont la perte d’attention et de mémorisation.
Il a été étudié depuis l’Antiquité. Dans son traité De Flabitus, Hippocrate souligne que le bâillement annonce des maladies avec fièvre.
Dans une publication scientifique de 2018, Teive et al décrivent sa phénoménologie et sa physiopathologie. Ainsi, ils se rapprochent de la théorie d’Hippocrate.
En 2014, Tononi et Cirelli montrent que le sommeil est le prix que le cerveau paie pour sa plasticité. En conséquence, il renormalise la force synaptique et rétablit l’homéostasie cellulaire. Il permet l’acquisition, la consolidation et l’intégration de la mémoire. L’hormone de croissance et la mélatonine, toutes deux indispensables à notre tonus, sont en effervescence. Les cellules de notre peau se régénèrent, tandis qu’élastine et collagène sont synthétisés.
Le sommeil est souvent vénéré, ne dit-on pas que « le sommeil ignore la souffrance ».
Frédéric Dard résume avec force ce paragraphe avec cette phrase : « Le sommeil est le carburant de l’homme d’action » .
Sommeil et métabolisme
Le tri synaptique
Les différentes phases du sommeil permettent « le nettoyage des apprentissages ». En particulier, le tri des connaissances qui ont été acquises au cours de la journée.
Ce tri est effectué suivant l’importance donnée par le cerveau. Il ne s’agit pas de trier en négatif ou en positif mais en signaux cognitifs. Le réseau neuronal échange les informations reçues par le biais de synapses qui se chargent d’informations. Pendant le sommeil, elles diminuent de volume se délestant de certains souvenirs, éliminant ce qui lui parait être de moindre importance.
L’élimination des déchets
Pour bien fonctionner le cerveau doit pouvoir éliminer ses déchets. Pour les évacuer, des cellules particulières, les cellules gliales, entourent les artères créant un espace dans lequel circule le liquide céphalo rachidien (LCR). Le LCR s’infiltre entre les neurones et emporte avec lui les déchets.
Lors du sommeil, le flux de LCR augmente de 20% son débit diurne surtout pendant la phase de sommeil long et profond.
Un des rôles du sommeil est de nettoyer et d’éliminer les déchets produits au cours de la journée.
Un manque de sommeil diminue ce flux dans les espaces des cellules gliales. Donc, l’élimination des déchets comme les β–amyloïdes se réduit. ils forment alors des plaques amyloïdes, un agrégat protéique que l’on retrouve dans certaines pathologies comme la maladie d’Alzheimer.
Lors du vieillissement, le sommeil diminue et les déchets augmentent dans le cerveau dont les β–amyloïdes. Ils sont alors reconnus par le système immunitaire comme des éléments étrangers. Le cerveau déclenche une réponse immunitaire pour les éliminer. A long terme, cette réponse immunitaire est susceptible d’endommager les cellules nerveuses.
Mais il semble que le problème de la maladie d’Alzheimer n’est pas un problème de production de β–amyloïdes mais un problème d’élimination.
Le manque de sommeil
Le manque de sommeil ou sa mauvaise qualité :
- Augmente la fatigue et la somnolence = baisse des dépenses énergétiques
- Désorganise la production d’hormones comme la leptine ou l’orexine. Ces hormones régulent normalement l’appétit
D’où risque de surpoids voire d’obésité.
Le manque de sommeil désorganise aussi la synthèse hormonale. Par exemple, nous pouvons citer le cortisol ou l’hormone de croissance impliqués dans le métabolisme du glucose. D’où le risque d’évolution vers le diabète de type II
Sommeil et plasticité cérébrale
Le sommeil est essentiel pour la mémoire. Il permet de stocker les souvenirs dans le cortex (mémoire à long terme). Pour stocker, le cerveau possède un énorme atout… la plasticité cérébrale : c’est la capacité des neurones à se modifier et se remodeler tout au long de la vie. Ces modifications sont indispensables face aux innombrables informations que le cerveau traite chaque jour. Pendant le sommeil, comme nous l’avons vu précédemment, les synapses se remodèlent. Ils participent ainsi à la mémoire contextuelle. Associé à ce phénomène, les ondes du sommeil lent et profond réalisent une synchronisation des neurones. Elle permet au cerveau de retenir ce qui semble important pour nous. L’intérêt est de libérer de l’espace synaptique dans le lobe préfrontal (sorte de mémoire vive d’un ordinateur). Ainsi, cette synchronisation diminue les dépenses énergétiques. La plasticité cérébrale agit sur l’environnement moléculaire, et cellulaire des synapses. En conséquence, elle agit sur l’aspect fonctionnel du cerveau. Ces changements fonctionnels auront des répercussions sur nos sphères cognitives et psychiques.
Sommeil et immunité corporelle
L’équipe de Berticat et al ont publié en 2016 une étude scientifique
« La théorie immunitaire du sommeil suggère que le sommeil est essentiel au système immunitaire, permettant aux organismes d’allouer plus d’énergie à leur immunité. Cette hypothèse a été testée en explorant les liens entre la somnolence diurne excessive (SED) et la vulnérabilité aux maladies infectieuses dans une grande cohorte (n = 9294) de personnes âgées. Lors des suivis de deux ans et de quatre ans, nous avons obtenu des données individuelles de l’assurance maladie nationale sur l’ensemble des médicaments prescrits aux participants entre 2001 et 2003 (n = 2865). Nous avons trouvé une association positive indépendante entre la SED et la consommation de certains médicaments anti-pathogènes. Cette relation était principalement expliquée par des infections fongiques et parasitaires plutôt que par des infections virales et bactériennes. Ces résultats sont cohérents avec l’idée que la SED peut affecter l’efficacité du système immunitaire, et donc la vulnérabilité aux infections. »
Le sommeil, régénération du corps et du cerveau, renforce l’immunité.
Sommeil et attention
En 2010, une étude scientifique de WD Killgore démontre que la privation de sommeil affecte les processus cognitifs dont la vigilance et l’attention.
La privation de sommeil est courante dans la société moderne. Ses effets considérables sur les performances cognitives commencent seulement à être compris d’un point de vue scientifique. Bien qu’il existe un large consensus sur le fait qu’un sommeil insuffisant entraîne :
- Un ralentissement général de la vitesse de réponse
- Une augmentation de la variabilité des performances la perception,
- Une diminution de la mémoire et les fonctions exécutives.
Chez les enfants le manque de sommeil peut-être particulièrement problématique surtout sur les matières réflexives :
- Mathématiques
- Ecritures
A quoi sert le sommeil ?
Le sommeil, régénération du corps et du cerveau :
- Stimule l’apprentissage,
- Potentialise l’autorégulation corporelle (homéostasie)
- Stocke les informations essentielles
- Organise les sphères cognitive et psychique
- Entretient le système immunitaire
- Elimine les déchets du cerveau
- Relaxe le corps et l’esprit
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